L’arbre séculaire est mort depuis longtemps.
Seule son ombre au sol reste à l’image de ce qu’il fût, à l’époque de sa splendeur, du temps où il nourrissait de nombreux êtres vivants de toute sorte, en harmonie.
Mais sa mort était programmée.
Sa carcasse sert alors à nourrir de plus en plus de parasites. Toutes sortes de charognards qui se réjouissent du pourrissement.
C’est dans l’ordre des choses.
De nombreux habitants de la belle époque ont aussi du mal à le quitter. Peur de l’inconnu, peur de ne pas savoir où et comment s’établir ailleurs.
Mais la souche ne résiste pas à la dernière tempête. Elle secoua tout le monde, même les êtres qui avaient déjà compris que l’arbre ne tiendrait plus longtemps.
Le moment du choc fut terrible, mais l’arbre se coucha et mit ses racines à nu.
Les parasites s’excitèrent encore un temps afin de pouvoir s’en repaître jusqu’au bout. Certains pensaient d’ailleurs pouvoir continuer à vivre dans l’arbre mort comme avant.
Mais la plupart des êtres, connectés à la voix de Dame Nature, se rendaient compte que plus rien ne serait comme avant. L’arbre ne reviendra plus jamais à la vie. Il ne sera plus un refuge, pour personne.
On lui dit adieu et on le remercia.
Le grand trou laissé par sa trace était effrayant, boueux, crevassé.
Tout était à refaire, mais déjà pointait une jeune pousse, puis deux, puis toute une forêt en devenir.
Du moins pour ceux qui regardaient dans leur direction, car ceux restés dans la souche morte ne soupçonnaient même pas leur existence et étouffaient à petit feu.
Mais ils rejoindront un beau jour la vie, le cycle de la Nature et de son équilibre. Infini.
𝚃𝚎𝚡𝚝𝚎 𝚒𝚗𝚜𝚙𝚒𝚛é 𝚎𝚗 𝚐𝚞𝚒𝚍𝚊𝚗𝚌𝚎 le 16 janvier 2022.
La métaphore de l’arbre déraciné